«Notre musique découle de la world fusion» A l’occasion de la sortie du premier album Tahtaha, de Rabie Houti Band, un concert de promotion sera à l’honneur, le 24 octobre, au Rockstore, à Montpellier, en France. Le violoniste algérien et leader du groupe Rabie Houti nous présente cet album aux essences arabou-andalouses avec ce souhait de pouvoir se produire, un jour, en Algérie. – A quand remonte la formation de votre groupe ? Rabie Houti Band a été créé en 2017. J’ai rencontré plusieurs musiciens étrangers à Montpellier. Il faut dire aussi que j’ai joué dans plusieurs formations différentes : du jazz, soul funk en passant par l’electro. Ainsi, j’ai commencé à être connu comme le violoniste qui joue sur les genoux ou le violoniste arabo-andalou. J’ai, alors, décidé de monter mon projet personnel, à savoir le Rabi Houti Band pour, justement, faire connaître notre musique traditionnelle arabo-andalouse mais avec une nouvelle touche de musique actuelle, qui est, reconnaissons-le, accessible aux Occidentaux. Ainsi, j’ai contacté quelques musiciens que j’ai rencontrés sur mon chemin artistique à Montpellier. – Vous venez de sortir votre premier Tahtaha au titre révélateur de son contenu ? Pourquoi ce choix à consonance algérien ? La définition de tahtaha pour moi n’est autre qu’une place dédiée aux rencontres, partage et surtout dédiée aux jeux et musique. Dans un passé récent, les gens se retrouvaient dans les tahtahet pour partager des moments musicaux. Je pense que notre projet Rabie Houti Band surtout l’album, on le voit comme une œuvre qui a rassemblé plusieurs cultures et personnes. Nous avons partagé une passion commune. – Cet album vous targue de proposer des sonorités arabo-andalouses avec un vibrant hommage au regretté musicien Amine Tilioua, disparu en avril dernier… Il est tout à fait exact qu’un hommage est rendu à mon ami de cœur et mon frère Amine Tilioua, décédé en avril dernier en France. Amine, que Dieu ait son âme, m’a toujours encouragé à monter mon projet rabie Houti band. Il a toujours été présent pour moi afin de me soutenir. Je lui ai d’ailleurs rendu un vibrant hommage, à travers une belle chanson que j’ai composée, lors de l’annonce de son décès. Sa disparition est une terrible perte pour sa famille, ses amis et l’univers artistique. J’ai fait un featuring avec Amine Tilioua, intitulé « Moulay Abdellah ». Nous avons enregistré ce titre une semaine avant sa mort. Nous voulions faire ce titre avec une bonne touche electro trance. J’ai essayé de le finir comme je pouvais, mais cela a été très dur pour moi de retravailler sur le morceau en question. Mais j’y suis parvenu à le terminer. J’espère qu’il plaira au public. – A-t-il été facile pour vous de travailler avec des artistes étrangers qui connaissent des bribes sur la musique andalouse ? Alors nous avons comme musiciens Pedro Coudsi à la batterie, Quentin Aubignac à la guitare, Benjamin Michel à la basse/synthé, Benjamin Saubion ? Toussaint Guerre au saxophone et Julien Ducrot : ingénieur de son et Emmanuelle Guy : management et booking Au début, c’était un peu difficile. Cela nous a pris du temps, mais ce passage était normal. C’était une nouvelle musique et culture pour ces musiciens. Nous n’avons pas vraiment les mêmes rythmes et modes. Pour les Occidentaux en général le rythme khlas (6/8), c’est le mystère et surtout leur bête noir, mais après 3 mois de travail sur ce rythme et les différentes variations de ce dernier – et surtout avec beaucoup de motivation de leur part, de pedro Coudsi le batteur- nous avons réussi à jouer ce rythme. Après, nous avons attaqué le chant, parce qu’il faut chanter des refrains, les harmoniser. Il est vrai aussi que nous avons eu deux autres problèmes, celui de langue et de la couleur musicale. Nous avons fait un grand travail sur la prononciation. A présent, tout le monde chante et prononce parfaitement. Vous allez écouter cela sur l’album. Concernant les chœurs, c’est très bien prononcer et chanter. Chaque musicien a ses propres influences. A titre d’exemple, Quentin Aubignac est spécialisé dans le blues rock. Il a rajouté une touche bien rock sur notre répertoire. Pedro Coussin fait dans le jazz funk soul et surtout du groove. Quant au bassiste Michel Benjamin, il rajoute du groove et de l’electro avec ces synthétiseurs – Comment pourrait-on classifier votre musique ? Je pense que c’est dur de définir notre musique, parce que tout simplement chacun apporte sa touche personnelle. Mais nous pouvons dire que notre musique s’apparente à du rock arabo- andalou, sinon plus simplement le nouveau son arabo-andalou. Il ne faut pas perdre de vue que je suis de formation arabo-andalouse. J’ai eu l’honneur et la chance d’apprendre cette musique à Nassim El andalouse d’Oran avec des grands maîtres, entre autres Yahia El Ghoul, Salim Mesli et Anouar Benabadji. J’ai donc voulu rénover ce son traditionnel avec une touche actuelle et accessible à l’oreille occidentale, et ce, avec l’aide de mes copains musiciens du groupe. – Vous comptez donner le 24 octobre un concert de promotion à Montpellier, mais à quand une scène en Algérie ? Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’une tournée se prépare en France pour la promotion de notre album grâce à notre tourneuse Emmanuelle. Celle-ci s’occupe du groupe depuis février dernier. Je ne vous cache pas que cela me tient, vraiment, à cœur de jouer dans mon pays, mais pour le moment, cela reste compliqué. Nous avons été plusieurs fois pour quelques concerts en Algérie, mais malheureusement c’était compliqué. Les organisateurs de concerts se programment à la dernière minute en Algérie. Cela reste compliqué pour nous, car nous avons des procédures à suivre entre autres la demande de visa. J’espère de tout cœur que nous pourrons réaliser une tourné algérienne version «Tahtaha». – L’album Tahtaha sera disponible dans les bacs des bons disquaires en Algérie ? Pour le moment, nous n’avons pas de distributeur en Algérie, mais comme je l’ai expliqué, cela reste un peu sensible au niveau de l’organisation en Algérie. J’espère que notre album sera distribué prochainement. En attendant, il faut savoir que l’album sera disponible sur toutes les plateformes digital. Notre public algérien pourra nous écouter et nous suivre sur les plateformes Spotify Deezer.